Pourquoi la “charge mentale” est un mauvais concept

Le concept de “charge mentale” est fréquemment utilisé dans le langage courant. Il désigne le nombre de tâches à assumer auxquelles il faut penser et renvoie généralement au rôle prépondérant de la femme dans le foyer. La gestion des tâches ménagères est ainsi perçue comme quelque chose qui pèse, un fardeau. Elle est aussi envisagée comme un facteur d’inégalité hommes / femmes.

Le site “questions de parents” soutenu par la CAF explique ainsi : “Laver les biberons, prévoir un rendez-vous chez le médecin, enlever les bodies et les pyjamas trop petits de l'armoire, faire les courses, faire une lessive, commander des couches, en remettre dans le sac à langer, etc. Toutes ces petites pensées qui se multiplient dans votre tête au quotidien peuvent finir par vous épuiser, parfois jusqu'au burn out, parfois jusqu'au clash dans le couple. Souvent féminine, la charge mentale peut encore augmenter avec l'arrivée ou la présence d'un ou de plusieurs enfants.”

Un article du Figaro publié en janvier 2024 titrait même : “J’ai sans cesse l’impression d’être surmené» : peut-on parler de la charge mentale des pères de famille ?”. Dans la suite, on peut lire : “Depuis le confinement et l’avènement du télétravail, ma charge mentale et psychologique s’est décuplée de 3000%, assure au Figaro Guillaume*, cadre dans un grand groupe français et père de trois jeunes enfants dont l’âge oscille entre 2 et 9 ans. Je jongle avec infiniment plus de préoccupations qu’avant. Je dois gérer des choses dont je ne m’occupais pas. Le confinement a-t-il changé radicalement les règles de fonctionnement des familles et altéré le rythme de vie ? Il s’agit d’éviter de faire des généralités... Mais une chose est certaine : le confinement a totalement détruit la frontière - qui était déjà bien abîmée - entre la vie professionnelle et vie personnelle. Dans le couple, chacun a pu observer l’autre travailler et se rendre compte de son rythme de travail.”

Ce concept de “charge mentale” est très symptomatique de notre époque, où la notion de “devoir d’état” vis-à-vis de Dieu a complètement disparu de l’esprit des gens, en particulier des parents.

Plusieurs faits, je crois, explique cette tendance à voir le rôle parental - et en particulier maternel, comme un fardeau à porter.

1) En voulant libérer la femme de son devoir et en la chassant du foyer sous prétexte d’émancipation, la société moderne lui inflige en réalité une double peine : celle d’être performante au travail et celle d’assumer la tenue du foyer. Les statistiques le montrent : la plupart des tâches ménagères est assurée par les femmes et cette tendance naturelle, loin de devoir être combattue, devrait plutôt nous mettre la puce à l’oreille. Est-il vraiment normal d’exiger des femmes de mener de front deux vies qui peuvent, en effet, finir par l’épuiser ?

“[Les femmes] sont parmi nous le ferme appui de la société et de l’Eglise. La Révolution le sait bien. Elle sait le nombre de frères, de fils et de maris préservés, arrachés des sociétés secrètes par de simples ouvrières, par de simples paysannes. Sans cesse, le révolutionnaire est harcelé par cette guerre féminine. De là ses plaintes, ses complots pour pervertir le cœur des femmes.” (Mgr Delassus, L’esprit familial, chap. X)

2) Comme conséquence du premier point, la gestion des enfants devient problématique car ils ne grandissent plus dans le cadre sécurisé de la famille catholique où la mère tient un rôle essentiel. C’est elle le pilier du foyer. Aujourd’hui, dès leur plus jeune âge, les enfants sont confiés à des nounous et des crèches, confisqués par l’école. La mention du confinement est d’ailleurs significative : c’est une période durant laquelle beaucoup de parents ont découvert leurs enfants - et se sont rendus compte à quel point leur éducation leur échappait. En vérité, beaucoup de parents ont réalisé que leurs enfants étaient des petits monstres insupportables !

“[La mère] est au foyer ce flambeau resplendissant dont parle l’Evangile, répandant sur tous la lumière de la foi et les feux de la charité divine. À elle de faire vivre dans la famille la pensée de la souveraineté de Dieu, notre premier principe et notre dernière fin ; celle de l’amour et de la reconnaissance que nous devons avoir pour son infinie bonté, la crainte de sa justice, l’esprit de religion qui nus unit à lui, la loi des chastes mœurs, de l’honnêteté des actes et de la sincérité des paroles, celle du dévouement et du support mutuel, celle du travail et de la tempérance.” (Mgr Delassus, L’esprit familial, chap. X)

3) Sous prétexte d’égalitarisme, l’homme et la femme espionnent ce que chacun fait pour calculer le temps de travail, le nombre de tâches ménagères, etc. Or, si chaque rôle était parfaitement défini dans un périmètre précis, cette tendance serait bien moins fréquente. Dans la société catholique, les pères et les mères n’ont pas le même rôle dans la famille, chacun sait exactement ce qu’il doit faire. Ils se complètent harmonieusement et assument, chacun à leur manière, les besoins du foyer.

“Dans la famille ouvrière, dit M. Augustin Cochin, la figure dominante, c’est la femme, c’est la mère ; tout dépend de sa vertu et finit par se modeler sur elle. Au mari, le travail et les gains du ménage ; à la femme, les soins et la direction intérieure ; le mari gagne, la femme épargne ; le mari nourrit les enfants, la femme seule les élève ; le mari est le chef de la famille, la femme en est le lien ; le mari en est l’honneur, la femme la bénédiction.” (Mgr Delassus, L’esprit familial, chap. X)

4) Ce concept de charge mentale circonscrit le rôle de parent dans un cadre très matérialiste. On ne compte que sur ses propres moyens humains pour surmonter les difficultés - qui sont bien réelles. Le fait d’élever ses enfants et de gérer son foyer au nom de Dieu, afin de Lui rendre grâce et de Le glorifier change vraiment la donne. La fatigue prend une autre tournure, et si elle ne disparaît pas comme par magie, elle est bien plus facile à accepter quand on sait que le devoir d’état qui nous revient, c’est le moyen que nous avons choisi pour accomplir le bien et justifier notre passage sur terre.

La mère catholique doit gérer énormément de choses. Mais qu’on ne parle pas de sa “charge mentale”. Honorons plutôt sa capacité à surmonter les difficultés quand elle offre ses peines au bon Dieu. Complimentons-la sur tous les petits détails auxquels elle a pensé, la vertu grandissante de ses enfants, la piété et à la patience dont elle fait preuve en toute circonstance.

Bien sûr, tout n’est pas parfait. Qu’importe ! Ce qui compte, c’est de se préparer pour le ciel. C’est la seule priorité à avoir. Le reste suivra !

“Combien [de] mères ont imprimé profondément, dans l’âme de leurs enfants, le respect, le culte, l’adoration de Dieu, dont elles étaient, pour eux, par la pureté de leur vie, la vivante image ! (…)

Je veux faire de mon fils un saint, disait la mère de Saint Athanase.

Merci mille fois, mon Dieu ! de nous avoir donné pour mère une sainte, s’écriaient à la mort de Sainte Emélie, ses deux fils, saint Basile et saint Grégoire de Naziance.

O mon Dieu ! je dois tout à ma mère disait saint Augustin. (…)

C’est sur les genoux de la mère, a dit J. de Maistre, que se forme ce qu’il y a de plus excellent dans le monde.” (Mgr Delassus, L’esprit familial, chap. X)

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