Des activités physiques en jupe ?

La modestie dans la tenue, c’est l’une des vertus de la femme catholique, a fortiori de la mère catholique qui se doit d’être un modèle pour ses enfants - en particulier pour ses filles. Le blog Femme à part traite abondamment de l’importance du choix des vêtements dans la féminité décente. Le lien avec la maternité me semble évident !

Aujourd’hui, j’aimerais aborder un élément particulier de la thématique : le cas des activités physiques. Comment rester modeste en faisant du sport, en jardinant, en bricolant, en randonnant ?

La mère catholique est la maîtresse du foyer, mais il lui arrive tout de même de mettre le nez dehors !

Le cas de la salle de sport est un peu compliqué. En ce qui me concerne, je pratique désormais l’escalade en tenue discrète : bien obligée de mettre un pantalon (sinon adieu la modestie !!), mais je le choisis non moulant, de couleur foncée. Idem pour le T-shirt, il couvre les épaules et ne moule pas la poitrine. Lorsque j’ai commencé l’activité il y a bientôt 10 ans, j’étais en legging et en débardeur (voire en brassière) comme toutes les femmes qui pratiquent ce sport. Mes intentions n’étaient pas que sportives, vous vous en doutez. La modestie, c’est aussi être vigilante sur son comportement, ses interactions sociales, son langage. La présence de mon époux et des deux garçons m’aide à y faire attention.

Le cas du jardin et du bricolage est différent. Aller au potager en jupe longue réserve quelques déconvenues : piqûres d’orties, griffures de ronces, et même une morsure de taon sur la fesse droite (celui-là n’était vraiment pas charitable !). J’ai mis au point quelques techniques pour minimiser les risques, comme de rabattre la jupe contre mes jambes avant de m’accroupir.

Au début, je pestais. Mais quelle idée ? Personne ne me voit, je suis chez moi !

De nos jours, on met un pantalon en disant que c’est plus pratique. Mais que faisaient les femmes, avant ?

Elles ne restaient pas à filer la laine, tricoter ou repriser les chaussettes à la maison. En tout cas, pas tout le temps. Quand 80% de la population était paysanne, les femmes allaient aux champs pour travailler. Et comme 100% de la population était catholique, eh bien, il ne leur serait pas venu à l’esprit de se mettre en pantalon.

Quand je dis “avant”, je pense à une période qui s’étend du Moyen-Âge aux années 50. C’est un grand “avant” qui couvre beaucoup de pratiques et de réalités différentes, c’est vrai, mais il suffit de jeter un coup d’oeil à quelques images pour s’apercevoir que la tenue féminine est restée longtemps modeste, alors même que les femmes effectuaient des travaux bien plus pénibles qu’aujourd’hui.

Miniature tirée des Très Riches Heures du duc de Berry, illustration du mois de juin, XIVe siècle. Musée Condé, Chantilly. Des paysannes vraiment élégantes (un peu décolletées tout de même !) pour faire les foins ! Les hommes fauchent, les femmes ratissent et font les tas, une belle répartition des tâches…

Sainte Jeanne d’Arc est ici habillée en paysanne avec une robe et un fichu sur la tête, mais elle s’apprête à accomplir sa mission comme le montrent l’épée et la halebarde — qui ne sont pas exactement les attributs d’une bergère ! Lettrine historiée, Paris, Bibliothèque nationale de France, ms. Latin 14665, folio 349 recto.

Antoine Chintreuil, Paysanne à la serpe, 1873, huile sur toile. J’aime beaucoup l’attitude de cette femme, très élégante et modeste en même temps. Je ne sais pas ce qu’elle s’apprête à couper avec sa serpe, peut-être des petits branchages ou des feuilles pour nourrir ses animaux ou allumer son feu. En tout cas, elle compte ramener son butin dans un panier qui semble se porter sur le dos. Bien pratique !

Le fameux tableau de Millet représentant l’Angelus (1857-1859), tellement touchant d’humilité. La femme incline modestement la tête, les mains jointes. Le couple a arrêté le travail dès que la cloche derrière eux a sonné. La fourche a été plantée en terre, la brouette chargée de foin attend. J’aime à penser que nous sommes le soir, après une grosse journée de labeur. En jupe longue, évidemment !

Anonyme, Famille paysanne savoyarde au début du XXe siècle, photographie. On dirait des habits de fête, même le cheval est sur son 31 ! Peut-être que cette famille s’est préparée pour une procession religieuse ?

Anonyme, paysanne à une fontaine, Béost (Pyrénées Atlantiques), début du XXe siècle. La tenue de cette femme, toute sombre, me fait penser à une tenue de deuil, mais je m’avance peut-être ?

On pourrait compléter ce dossier iconographique, mais je vais m’arrêter là ! En pensant à toutes ces femmes qui ont effectué des tâches bien plus ingrates et plus difficiles que moi, je me dis que c’est pas une morsure de taon qui va me dissuader d’être en jupe au potager !

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