Les effets néfastes de la péridurale dont on ne vous parle pas
Etat des lieux : la péridurale en France aujourd’hui
Avant de se pencher plus en détail sur les vrais effets de la péridurale pour la maman et le bébé, je vous propose de dresser un état des lieux. Pour l’ensemble de cet article, je m’appuie sur des études officielles que vous pourrez retrouver facilement en ligne. Je ne suis pas médecin et les conclusions que je dresse ici à partir de ces données scientifiques n’engagent que moi.
Une statitistique tout d’abord : 82% des accouchements en France se réalisent aujourd’hui sous péridurale, contre 3% en 1980. Cette intervention médicale est donc devenue la norme. Il est intéressant néanmoins d’avoir à l’esprit que ce taux est nettement plus bas dans les DOM TOM, notamment à Mayotte où seulement 10% des femmes ont recours à la péridurale [Pollastro p. 44]. Comme nous allons le voir, cela a un effet sur le taux de déchirure périnéale et d’épisiotomie (bien meilleur à Mayotte qu’en métropole !).
Quelles sont les motivations des femmes qui souhaitent accoucher sous péridurale ?
La peur de la douleur est l’argument principal, notamment pour les primipares qui ne savent pas à quoi s’attendre. La peur de ne pas être capable de gérer, d’être dépassée. En particulier lorsque l’accouchement est déclenché, ce qui représente 1 accouchement sur 4 en France !!
La volonté également de bénéficier du progrès scientifique afin de conserver un certain confort : pourquoi subir la douleur alors que la science nous donne les moyens d’y échapper ? (faut être maso !)
L’étude de terrain menée par Ripoll confirme ces deux points : “En effet, la possibilité d’accoucher sans souffrir grâce à la péridurale est permanente, en corrélation avec le courage dont il faut disposer pour accoucher sans, comme l’ont fait des générations de femmes avant”. [Ripoll, p. 42]. L’utilisation de la péridurale est donc appréhendée comme un progrès.
Par ailleurs, la systématisation de l’anesthésie confortent les femmes dans les doutes qu’elles ont concernant leurs capacités à accoucher sans : “pour les primipares, leur souhait avait été orienté par l’entourage familial, plutôt en faveur d’une pose de péridurale en fonction des vécus des modèles féminins proches de la patiente. Plusieurs notions étaient également présentes dans les esprits de chacune, comme la peur de ne pas avoir le temps de l’avoir si elles ne l’ont pas demandé immédiatement, ainsi qu’une préparation à l’éventualité de ne pas l’avoir pour diverses raisons le jour J.” [Ripoll, p. 42]
Les femmes ont donc intégré qu’un bon accouchement se fait forcément sous péridurale. En surmédicalisant l’accouchement, l’homme soit-disant civilisé ajoute son grain de sel, ou plutôt son grain de sable dans un mécanisme parfait créé par Dieu.
Les effets néfastes de la péridurale
Pour éviter de se confronter à la douleur, on enclenche un cercle vicieux néfaste pour soi-même et pour le bébé.
Attention, je ne jette pas la pierre aux futures mamans qui ont peur de ne pas y arriver sans anesthésie, ou qui n’envisagent tout simplement pas d’accoucher sans. J’étais exactement dans ce cas de figure pour mon premier bébé. Je sais ce que c’est, de ne pas savoir à quoi s’attendre, de se rassurer en se disant que l’équipe médicale va “me faire accoucher comme il faut”. De se reposer entièrement sur elle, et non sur les capacités merveilleuses de son corps et sur la grâce divine, encore plus merveilleuse. Loin de moi l’idée de juger qui que ce soit.
Mais je trouve que c’est tout de même important d’avoir en tête les vrais effets de la péridurale (et si je les avais connus, j’aurais sans doute envisagé autrement l’accouchement dès mon premier bébé !).
Notons tout d’abord que certaines femmes plus informées, soit par leurs propres recherches, soit par leur expérience, soulignent à juste titre les effets néfastes de la péridurale. L’étude de terrain menée par Quagliariello et Topçu en 2019 dans un grand hôpital public de la région parisienne est instructive. Ces femmes relèvent en fait la plupart l’impact délétère de la péridurale.
un stress et des maux supplémentaires
L’anesthésie n’apporte pas forcément le soulagement tant attendu. La pose du cathéter est parfois difficile. Certaines femmes souffrent de maux de tête ou de dos pendant et après l’accouchement. L’anesthésie ne fonctionne pas toujours comme il faut et elles ressentent de la douleur à laquelle elles ne sont pas préparées, sans pouvoir utiliser les méthodes efficaces qui soulagent vraiment (comme le choix d’une bonne posture). Ou bien, au contraire, les femmes anesthésiées ne ressentent plus rien et ont l’impression que l’accouchement se déroule sans elle (ce qui est un comble, vous en conviendrez).
Certaines mamans d’origine immigrée dans l’échantillon de l’étude tiennent d’ailleurs un discours plein de bon sens : pour elles qui ont déjà vécu un accouchement sans péridurale dans leur pays d’origine, cette anesthésie est tout simplement… inutile ! Elles ont confiance dans leur capacité à accoucher sans, elles savent que c’est possible (les modèles féminins autour d’elles doivent y jouer pour quelque chose). Madame A. dit ainsi : “bien sûr, accoucher fait mal, mais les femmes sont très fortes et elles peuvent passer par là une, deux, trois fois dans leur vie. Je ne demanderai pas de péridurale pour ce troisième accouchement, je ne suis pas intéressée. En fait, cette piqûre que les médecins font dans le dos des femmes me fait plus de peur que la douleur de l’accouchement. [Quagliariello et Topçu, 20]. Quelle sagesse !
un poison pour la maman et le bébé
Pour Madame H., primipare, “l’image qui me vient à l’esprit est celle d’un poison qui se répand partout. Une fois injecté, le médicament ne peut plus être arrêté. Tout cela affecte le corps de l’enfant car il se retrouve soudainement à réagir à quelque chose qui, comme une vague, vient de l’extérieur.” [Quagliariello et Topçu, 12].
La péridurale, en anesthésiant le corps de la mère, coupe la production de l’ocytocine et impose donc, pour que l’accouchement puisse se poursuivre, l’injection d’ocytocine de synthèse. Or, cette hormone artificielle n’a pas les vertus de l’ocytocine produite naturellement (divinement !) par la maman. Comme le montre l’étude de Portelo, l’ocytocine endogène, c’est-à-dire celle qui est sécrétée par le corps durant l’accouchement, favorise l’attachement de la mère à son enfant et diminue le stress, en limitant la production de cortisol et d’adrénaline [Portelo, p. 12-14].
un cercle vicieux dans la surmédicalisation
Pour Madame F., “la naissance est quelque chose de naturel, le fait d’intervenir pour aider la femme est quelque chose que je ne partage pas forcément... À mon avis, dès que tu commences à intervenir pour supprimer la douleur, tu modifies tout l’équilibre de l’accouchement et alors il faudra recourir à d’autres remèdes et d’autres interventions pour rattraper le coup.” [Quagliariello et Topçu, 16]. Les deux auteurs de l’article soulignent que ces mères méfiantes vis-à-vis de la médicalisation en général et de la péridurale en particulier, ont pour la plupart un profil bien défini : écolo, multipares et plutôt âgées. Dommage qu’elles ne soient pas plutôt catholiques !
Cette crainte d’un effet “domino” ou “boule de neige” des actes médicaux est fondée. Des études précises montrent en effet que la pose de la péridurale augmente le risque de déchirure périnéale et d’extraction instrumentale.
“L’utilisation accrue d’instruments lors de l’effort expulsif serait due au bloc moteur des muscles périnéaux et abdominaux, diminuant ou supprimant le reflexe initial de poussée. L’utilisation d’instrument augmente le nombre de déchirures périnéales, notamment sévères car leur introduction dans la filière génitale exagère la distension périnéale ce qui va favoriser la rupture tissulaire, le sphincter anal peut être touché lors de cette pratique, de manière totale ou partielle. (…) L’utilisation d’analgésie péridurale augmente le nombre d’extractions instrumentales 16,7% des femmes ayant une APD, contre 4,7% des patientes qui n’en avaient pas.” [Pollastro p. 45-46]
“La mobilisation pendant le travail et au moment de l’accouchement, qui reste physiologique, semble être le meilleur moyen de préserver le périnée. Après une surmédicalisation de l’accouchement croissante, les patientes sollicitent de plus en plus un retour à la physiologie, par leur projet de naissance notamment. Mais parfois, la douleur est plus intense que celle imaginée au cours de la grossesse et la péridurale devient alors inéluctable.” [Pollastro p.48] D’où l’importance de la préparation à l’accouchement et des vraies techniques pour accepter la douleur (et ne pas lutter contre elle, mais ce sera l’objet d’un autre article !).
L’accouchement express sans péridurale, un “déclic” pour les femmes qui le vivent
L’étude de Ripoll évoque aussi le cas intéressant des femmes dont l’accouchement a été plus rapide que prévu et qui n’ont pas eu le temps de demander la péridurale. Intéressant car on pourrait croire qu’elles seraient traumatisées par cette expérience.
Mais cela ne semble pas être le cas, bien au contraire, du moins dans l’échantillon interrogé : “les patientes n’ayant pas eu d’APD [péridurale], sont principalement satisfaites de leur accouchement, sans que ce soit perçu comme une mauvaise expérience. La rapidité, leur bébé en peau à peau contre elles après l’effort, et la fierté d’avoir pu le faire comme des générations de femmes avant elles et d’avoir pu connaître l’accouchement naturel pour les multipares sont les raisons qui permettent d’en garder un bon souvenir. L’accouchement sans péridurale est vécu comme émancipateur alors que finalement il renvoie au destin biologique de la femme, ce qui pourrait être perçu comme rétrograde.” [Ripoll p. 43]
C’est amusant, parce que lorsque j’ai lu ce constat, je me suis dit : “c’est exactement comme ça que j’ai vécu mon deuxième accouchement !”. Un bébé pressé, pas le temps d’avoir la péridurale… l’impression que j’allais mourir car je n’étais absolument pas préparée à ce scénario. Et au final, une immense fierté de l’avoir fait “toute seule” (je ne connaissais pas la notion de “grâce”, à l’époque). Et le début de ma réflexion sur cette péridurale qu’on s’impose mentalement.
Le “destin biologique” du point de vue matérialiste est le destin de la femme voulu par Dieu. L’accouchement naturel est celui qui respecte ce que Dieu a prévu pour nous. Un châtiment, certes, car la douleur fait partie du processus, mais surtout une immense grâce, celle de donner la vie. Quoi de plus sacré ?
Dieu a tout prévu, comme d’habitude. Et comme d’habitude, l’homme s’est pris pour Dieu en jouant à l’apprenti sorcier.
La plupart des femmes ont intégré le schéma médicalisé comme le processus normal de l’accouchement. La péridurale est envisagée comme une composante nécessaire ou presque, sans laquelle l’accouchement deviendrait ingérable.
La médicalisation rassure les femmes en alimentant leur peur de ne pas pouvoir faire face sans anesthésie !
Je ne parle pas des accouchements problématiques, des cas où l’anesthésie est nécessaire car il faut opérer la mère en urgence. Je parle des accouchements qui pourraient se passer normalement et qui représentent la grande majorité des cas (sinon, comment expliquer que dans un pays développé comme les Pays-Bas les statistiques soient inverses : 15% des femmes seulement accouchent sous péridurale ! [Pollastro, p. 14]).
Si des futures mamans catholiques me lisent, j’aimerais les encourager de tout mon coeur à prier tous les jours pour avoir la force d’affronter la douleur de l’enfantement. Cette douleur est immense, mais elle n’est pas insurmontable. Des milliards de femmes l’ont fait avant nous. Notre corps est prévu pour accoucher. Il faut lui faire confiance. Et avant tout, il faut faire confiance en la perfection divine qui a tout prévu pour nous.
Bibliographie :
INSERM, Enquête nationale périnatale : résultats de l’édition 2021
Claire Pollastro, La péridurale et ses effets sur le périnée, 2019