Faut-il jouer avec ses enfants pour être une bonne mère ?

C’est une question que je ne me posais pas du tout avant de connaître mon mari ! Elle soulève en fait beaucoup d’enjeux essentiels, comme la relation affective entre la mère et les enfants, le rôle que chacun doit tenir, la fonction du divertissement, le lien entre le jeu, l’éducation et la morale, et bien d’autres encore que je ne pourrai pas traiter ici en une seule fois…

Jouer avec ses enfants, c’est, me semble-t-il, une histoire de culture familiale. Chez moi, les adultes jouaient très peu avec les enfants. Un peu pendant les vacances, mais le reste du temps, il fallait s’occuper tout seul. Je ne pense pas en avoir souffert plus que cela, mais j’étais une enfant particulièrement indépendante. Je ne crois pas avoir dit une seule fois “je m’ennuie” ! (et j’aimerais parfois pouvoir le dire aujourd’hui !). Chez mon mari, au contraire, sa mère jouait énormément avec les enfants : elle était assistante maternelle et prenait son rôle très à coeur. Elle continue de fonctionner de cette façon avec ses petits-enfants. Quand j’ai découvert ces parties de jeux, je me suis demandé : “est-ce vraiment le rôle des adultes de jouer avec les enfants ?”.

Ma réponse a évolué, et ma conversion n’y est pas pour rien.

Au début, j’étais catégorique. Les enfants doivent jouer tout seuls, pour développer leur imagination et ne pas toujours dépendre des adultes pour pouvoir s’occuper. En réalité, c’était surtout ma tranquillité qui était préservée. J’ai parfois participé à des jeux de société en soirée, et je le fais encore, mais je dois reconnaître que ça ne me passionne pas du tout.

Alors, suis-je une mauvaise mère si je ne joue pas avec mes enfants ?

Tout dépend de ce qu’on met derrière le jeu. En réalité, ce moment de détente, s’il est bien guidé par l’adulte, permet à l’enfant de porter une oreille plus attentive à certaines remarques ou certains discours, car il sera détendu et de bonne humeur. A vrai dire, mon mari est devenu un expert en la matière : les parties de badminton, de ping-pong et d’escalade en particulier offrent des situations très concrètes pour apprendre les vertus — et chasser les mauvais penchants : apprendre à féliciter son adversaire, c’est faire preuve de charité ; faire des efforts et ne pas se décourager au premier essai infructueux, c’est apprendre la persévérance et l’humilité ; accepter la défaite, c’est combattre son orgueil. Et c’est à l’adulte de guider l’enfant dans cette démarche, en l’encourageant à donner le meilleur de lui-même non pas simplement pour la performance, mais pour devenir une personne plus vertueuse.

Mon regard a donc complètement changé sur le jeu. Il me paraît moins inutile désormais : non, ce n’est pas du temps perdu ! Mais je suis personnellement plus à l’aise dans les activités manuelles, le jardinage, les balades : et ce sont aussi de très bonnes occasions de discuter, de prendre le temps d’écouter les enfants, d’aborder des sujets importants, de plaisanter mais aussi de prier. Et les enfants ont bien sûr des moments où ils jouent tout seuls, car oui, c’est important pour l’imagination !

L’éducation des enfants, c’est aussi partager des bons moments avec eux : ce seront autant de bons souvenirs qui constitueront ensuite des attaches solides avec les parents. La sanction et la contrainte sont parfois nécessaires, mais elles ne suffisent pas. Lier ces moments de joie et de détente à l’amour pour le Bon Dieu et la pratique du Bien, c’est aussi, je trouve, un formidable moyen de planter la Foi des enfants dans un terreau fertile : c’est d’ailleurs un des piliers de la pédagogie salésienne que l’on peut reprendre pour animer notre foyer au quotidien.

Et vous, est-ce que vous jouez avec vos enfants ?

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L’autorité en éducation (Saint Jean Bosco)